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Photo du rédacteurLa bulle d'Op+lait

Les antibiotiques en élevage laitier : Pour quoi les vétérinaires les prescrivent-ils?

Dernière mise à jour : 23 août 2019

Comment les producteurs les utilisent-ils?


Ces questions sont venues naturellement à l’esprit du Dr David Francoz, clinicien vétérinaire spécialisé chez les bovins laitiers. Celui-ci constate quotidiennement à quel point les antibiotiques sont d’une importance fondamentale pour le traitement et le contrôle des maladies. En effet, on les utilise en prévention ou en traitement pour nombre d’infections causées par les bactéries chez les animaux d’élevage tels que la vache laitière. Toutefois, il est bien conscient que l’utilisation d'antimicrobiens en médecine de production n'est pas sans conséquence. On parle ici de conséquences négatives pour l’industrie de la transformation du lait et pour la santé humaine dont le risque de résistance chez les bactéries.


Dr Francoz qui pratique la médecine bovine, enseigne et dirige des projets de recherche au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV) de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal depuis 10 ans, est bien au fait que le développement de résistance aux antibiotiques est devenu un enjeu crucial. Il a lui-même contribué à former des groupes de praticiens vétérinaires sur le sujet lors de séances obligatoires imposées par l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, à ses membres.  Au printemps 2014, lors de son rapport global sur la surveillance de la résistance aux antimicrobiens, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tirait sur la sonnette d'alarme et résumait la situation en ces termes : « Le problème [c.à.-d. la résistance aux antibiotiques] est tellement sérieux qu'il menace les réussites de la médecine moderne.» Pour Dr Francoz, ce n’est pas rien ! « Il faut tenter de mettre en place un système de surveillance de l’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire sur les fermes du Québec. Nous n’avons, à ce jour, que des données fragmentaires, sporadiques et discontinues.», soutient-il.« J’ai donc, avec l’aide d’autres collègues vétérinaires de l’Université de Montréal, du secteur gouvernemental et avec la collaboration du secteur privé,  initié un projet de recherche pour répondre à d’importantes questions au sujet des antibiotiques sur les fermes laitières : Pour quoi les vétérinaires les prescrivent-ils?, Comment et en quelles quantités les producteurs les utilisent-ils? et surtout, Comment peut-on mettre à profit des outils actuellement en place pour faire le suivi de leur utilisation sur les fermes? , explique Dr Francoz.

Drs Hélène Lardé et David Francoz entreprennent une vaste étude sur l'usage des antibiotiques en élevage laitier.

C’est Dre Hélène Lardé, une jeune clinicienne au CHUV, qui a été recrutée pour réaliser cette vaste étude et elle en a fait son projet de doctorat. Pour Dre Lardé, les prochaines années seront d’abord consacrées à la collecte de données à l’aide d’une méthodologie élaborée comprenant un sondage approfondi transmis à tous les praticiens vétérinaires bovins du Québec, suivi de groupes de discussion (focus group).  Puis, l’analyse des résultats permettra d’évaluer les pratiques de prescriptions des antimicrobiens. En parallèle, une étude longitudinale incluant questionnaires et visites à la ferme permettra d’évaluer, cette fois, les pratiques d'utilisation des antibiotiques d’un groupe de cent producteurs de lait choisis au hasard. En plus d’éplucher les registres obligatoires du programme ProAction et les factures de médicaments, des bacs de récupération d’emballages de produits prescrits seront déposés dans chaque ferme échantillonnée. « Nous devons corroborer les réponses aux questionnaires avec les faits! Les données recueillies et compilées seront cruciales pour évaluer les quantités d’antibiotiques réellement consommées par les troupeaux», indique Dre Lardé.


Que découvrira cette équipe de recherche sur le véritable usage des antimicrobiens sur les fermes laitières du Québec? Drs Francoz et Lardé admettent avoir émis quelques hypothèses…

À ce point-ci, ils ne peuvent que rappeler leurs objectifs : « Nous espérons surtout que ce portrait de la situation sera utile à la lutte contre l’antibiorésistance, d’abord en sensibilisant les médecins vétérinaires et les producteurs à davantage utiliser les outils diagnostiques disponibles avant de faire le choix d’un traitement. Nous souhaitons aussi que nos résultats jettent les bases d’un système d’«antibiogouvernance» solide et fiable au sein de la filière lait du Québec. Il en va de la santé des vaches et il en va de la santé humaine également! »


Dr David Francoz agit à titre de chercheur principal, Dre Hélène Lardé est étudiante au doctorat alors que Drs Simon Dufour, Jean-Philippe Roy, Marie Archambault, Vincent Wellemans  (Université de Montréal), Soulyvane Nguon, Luc Bergeron, Cécile Aenishaenslin (MAPAQ) et Marie-Ève Paradis (AMVPQ) collaboreront au projet.


Ce projet de recherche est soutenu financièrement par le programme Innov’Action Agroalimentaire grâce à l’accord bilatéral Cultivons l’avenir 2 entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec.


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